LE TRAVAIL DANS L'ENSEIGNEMENT DU MAGISTERE
Logstrup disait que « la solidarité humaine fait partir des principes fondamentaux de l’éthique sociale chrétienne »[1]. Ce principe de solidarité tire son fondement d’une double découverte : les hommes sont liés entre eux en vertu de leur égale dignité et ils doivent s’unir pour venir à bout de leurs problèmes[2]. Dans le vaste domaine des droits de l’homme, le droit au travail y figure en tant que moyen permettant à l’homme de pouvoir mener une activité qui lui permet de subsister. La tendance dans ces conditions est de vouloir s’occuper de soi-même sans souci de l’autre, le prochain. C’est cette tendance qui nous pousse à parler de droit au travail et de la solidarité dans le travail. Le problème de l’emploi au Burkina Faso est réel et le premier chapitre nous l’a démontré. Il demeure un mythe pour beaucoup d’hommes et de femmes. Parler de solidarité dans ce cas, c’est inviter les catholiques à avoir un nouveau comportement qui les pousse à sortir d’eux-mêmes pour aussi s’intéresser aux autres. Vivant les mêmes problèmes au sein de la même société, ils doivent chercher ensemble les solutions possibles à ces problèmes. Pour nous ces solutions ne trouvent leur fondement que dans la solidarité entre tous.
En effet, « la priorité du droit des défavorisés à la solidarité a pour effet, dans la dimension du travail et du chômage, que la priorité appartient aux besoins des hommes qui sont les plus défavorisés par la situation du marché »[3]. La solidarité conjuguée au présent par l’employé catholique c'est sa générosité à réduire ses heures de travail pour qu’un ami ne perde pas son emploi. C’est aussi sa gentillesse à accueillir le chômeur quand son usine est fermée ou quand sa société a été privatisée et qu’il se retrouve du même coup victime d’une compression du personnel. Ce sont ces bonnes actions qui peuvent aider les victimes du chômage à traverser les heures les plus sombres de l’existence humaine.
La solidarité dans le travail en tant qu’amour du prochain exige aussi une autolimitation. Convaincus que la promotion professionnelle confère au travailleur une identité propre, beaucoup d’employés se livrent à une concurrence farouche sans pitié tout en oubliant que cette dure concurrence ne constitue pas le dernier critère de la qualité de la vie. Dans ces conditions, il faut reconnaître que le travail peut détruire l’identité qu’on recherche en l’accomplissant quand il est pratiqué aux dépens de la solidarité humaine. Plus progresse l’humanisation des emplois, moins l’individu doit lutter pour des emplois toujours meilleurs en y engageant toutes ses forces. Ici intervient un problème moral lié au travail et au sujet du travail, c'est-à-dire l’homme.